Concurrence ferroviaire : les régions en première ligne

C’est le 26/02 que la région Sud – ex PACA – a lancé ses premiers appels d’offre pour ses lignes TER. Après les liaisons Intercités au début du mois de février, c’est au tour des lignes régionales, qui représentent plus de 70 % du réseau français, de s’ouvrir à la concurrence. Qui en profitera ?

La région Sud est la première région française à ouvrir son marché à ouvrir son marché ferroviaire, pressée de remédier à une offre qualifiée par son président Renaud Muselier de « désastreuse ». 

L’opération est profitable sur le plan financier : rien qu’avec ces deux premiers appels d’offre de presque 2,4 Mrd € au total sur 10 ans pour exploiter les lignes et renouveler les rames, la région pourrait presque financer les 285 millions d’euros qu’elle dépense chaque année pour ses transports ferroviaires ; sans compter les recettes en partie reversées par les futurs exploitants. 

L’opportunité est bonne aussi pour les opérateurs français comme Transdev, dont le PDG avait insisté pour que les appels d’offres soient le plus larges possibles (y compris la maintenance) ; pour les opérateurs étrangers déjà présents en PACA comme l’italien Thello, certains marchés frontaliers sont un terrain privilégié. 

Quant à la SNCF, désormais société anonyme, elle se trouve dans la posture délicate du gestionnaire historique, monopolistique et parfois décrié. Après l’ouverture à la concurrence du fret en 2005, l’entreprise avait perdu 40 % de son marché ; mais elle s’était en partie volontairement désengagée. Les risques d’une perte aussi importante sur le transport de passagers sont limités, assure le spécialiste des transports Yves Crozet, économiste au LAET de Lyon qui rappelle qu’en Allemagne, les concurrents de la Deutsche Bahn avait finalement pris 30 % des marchés régionaux. 

Sur le plan national, la mise en concurrence par l’Etat des lignes Intercités a aussi débuté ce mois-ci : la liaison Bordeaux-La Rochelle-Nantes est la première concernée. Les régions qui représente 70 % des 28 0000 km du réseau, sont cependant bien en première ligne.  

D’ici 2023, toutes devront avoir produit leurs appels d’offre ; trois autres devraient d’ailleurs suivre cette année : les Hauts de France, le Grand Est et le Centre-Val de Loire.  

Une difficulté inattendue pourrait venir de l’Etat qui lancé récemment un « plan de sauvetage des petites lignes » ; en fait, un changement de dénomination qui implique la reprise de certaines d’entre elles mais qui pourrait aussi peser plus lourdement sur les finances des Régions concernant les autres : ce « Yalta des petites lignes », comme l’écrit un journaliste de l’AFP, entravera-t-il le renouvellement ferroviaire régional ? 

Xavier Martinet

Yves Crozet économiste des transports, chercheur au Laboratoire Aménagement Economie Transport (LAET) de Lyon.

Article France Culture : https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-de-leco/le-journal-de-leco-du-jeudi-27-fevrier-2020

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